vendredi 17 novembre 2023

Dystopie moyen-orientale

Le 7 octobre 2023 demeurera une date écarlate sur le calendrier déjà lourdement chargé des exactions humaines.

Ce raid barbare, à l’initiative du Hamas contre Israël, d’une violence inouïe que rien ne peut justifier, a provoqué une véritable déflagration mondiale. Tout être humain normalement constitué, possédant une empathie moyennement élevée, fut littéralement sidéré, quels que soient les penchants géopolitiques de chacun.

Injustifiable sans aucun doute mais néanmoins parfaitement explicable.

Cinq semaines plus tard, le conflit meurtrier fait rage et toujours la Une des médias et réseaux sociaux avec le déferlement cacophonique prévisible de propagande et de haine provenant de tous les étages. Depuis, antisémitisme et islamophobie se tirent la bourre dans nos rues et la noirceur colonise nos pensées. 

Pourtant, journalistes, politiques, responsables associatifs et autres intellectuels médiatiques sont presque tous unis derrière  des consignes calibrées, contre le mal incarné, pourfendeur de la démocratie et de la culture judéo-chrétienne, à savoir le Hamas en particulier et les Palestiniens en général. Un seul mot d’ordre : le droit pour Israël à se défendre (?) ou serait-il plus juste de dire : de répliquer, de punir, de se venger ? Parce qu’en fait, qui est exactement l’oppresseur dans ce conflit qui dure depuis des décennies, qui est l’agresseur colonisateur et spoliateur, qui contrôle l’espace et le temps dans ce pays déchiré ?

Israël, forte de son armada, de son bon droit et de sa propagande, se venge au centuple, sous le regard complaisant des Occidentaux. Au prétexte d’éradiquer l’organisation « terroriste », elle tue et détruit sans discernement en s’excusant à peine des dommages collatéraux : « Oups, la guerre, c’est pas joli, c’est sale ! ». Pour un combattant du Hamas ciblé, ce sont dix ou cent civils qui sont touchés. Le fameux « Œil pour œil… » a subi une sacrée inflation. Tout cela semble tellement normal à la majorité dominante que l’on pourrait se croire dans une dimension parallèle, une dystopie hallucinée. Les victimes millénaires sont devenues les bourreaux du siècle.

Heureusement, certains discours évoluent ces derniers temps. En plus de La France Insoumise qui, depuis le début, essaye maladroitement et sourdement de tempérer les commentaires et de répartir les responsabilités, avec l'ostracisme et les condamnations que l'on connait, les organisations mondiales montent enfin au créneau pour contrer la propagande de guerre grossière et condamner les crimes de guerre en cours.

Cela ne suffit visiblement pas. Les Ultras sont aux commandes et ne cachent pas vouloir mettre la main sur le territoire entier. Ils s’affichent encore victimes et crient « Au meurtre, à l’assassin, au terroriste !!! » pour mieux et toujours plus occuper les terres qu’ils prétendent devoir posséder de droit divin. Ils sont devenus fous. Ils sont devenus les mêmes fanatiques que ceux qui les ont en grande partie anéantis au siècle dernier. Dystopie, je vous dis.

On peut imaginer les nombreux intérêts économiques et enjeux géopolitiques que ce pays représente pour l’Occident et donc, les raisons inhumaines qui nous incitent à observer tranquillement le massacre en règle qui est en train de se jouer à travers nos différents écrans connectés. Bien sûr, on peut se dire que l’on n’y peut pas grand-chose depuis notre salon, que l’Histoire dans sa grande inertie finira par juger les bourreaux (comme toujours), que le Hamas l’a bien cherché ou encore que le 7 octobre arrange finalement bien les affaires du gouvernement israélien… on peut avoir toutes les pensées que l’on souhaite, même si certaines sont difficiles voire dangereuses à exprimer, il n’empêche qu’un peuple, totalement asphyxié depuis soixante-dix ans, est en train de crever dans l’indifférence générale… que dis-je… avec la bénédiction du plus grand nombre !

Oui, le Hamas a commis un acte terroriste d’une intense cruauté.

Non, Israël ne lutte pas pour sa survie, le rapport de force étant ce qu’il est. Elle veut seulement laver l’affront d’un renseignement défectueux (ou pas), réaffirmer sa pleine et totale autorité et reprendre le contrôle complet du territoire de Gaza… pour commencer.

Il ne s’agit pas ici d’antisionisme, certainement pas d’antisémitisme, encore moins d’islamophilie… uniquement de justice et d’humanité : TOUT CELA EST INHUMAIN, ARRÊTEZ LE MASSACRE !!!

Pendant ce temps les marchands de canons et leurs actionnaires affichent un rictus béat en trinquant à la connerie des hommes.   

mercredi 4 mai 2022

La bêtise valorisante

 "Je hais donc je suis !"

La bêtise possède ce net avantage sur l’intelligence, de pouvoir se mutualiser et se diffuser très facilement de façon virale. Dommage que ce ne soit pas l'inverse. Nous avions rêvé d'un internet et de réseaux sociaux qui véhiculent librement les connaissances et la fraternité mais force est de constater, après deux décennies de flux numériques, que la médiocrité et la malveillance ont pris les commandes de ces outils incroyables. L’humain a la fâcheuse inclination à détourner, vers le côté obscur, ses inventions les plus lumineuses.

La parole s’est donc totalement libérée à travers ces nouveaux canaux. Sans doute avons-nous rapidement entrevu la voie royale d’une réelle démocratie, sans filtre, qui s’offrait à nous… une liberté d’expression inégalée, absolue. Malheureusement, ce que nous avons gagné en liberté, nous l’avons perdu en pertinence et en qualité. Comme ces enfants qui cassent leur jouet, nous avons corrompu ce cadeau technologique pour en faire l’instrument vengeur de nos tourments, le container sans fond de nos aigreurs. Nous sommes des êtres lamentables et pitoyables, étriqués et sans rêves.

La peur, la haine, la jalousie, la vulgarité, la méchanceté, le mensonge, l’insulte et la violence, se sont données rencard pour exploser les limites de la décence. Notre mal-être peut-il justifier ce déferlement quotidien de rage ? Cela nous soulage-t-il vraiment d’agonir d’injures nos voisins humains ? Et est-ce que le « no limit » fait avancer la situation dans la bonne direction ? Le défoulement outrancier n’est jamais la solution. À peine peut-il s’agir d’un bref moment d’extase, à l’instar d’un fix que le toxicomane se paie, de plus en plus fort, de plus en plus souvent. Oui, le ressentiment et la colère sont des addictions, ils rongent l’âme lentement et obscurcissent durablement le jugement.

La parole individuelle anti doxa, devient parole d’évangile (ou éléments de langage militant) dès lors qu’elle est relayée et amplifiée par les moutons anti système (d’ailleurs quel système et comment aujourd’hui être anti ou hors du système en conservant son ordinateur, son mobile, son internet, sa CB, ses crédits, son emploi, sa voiture, etc, etc, etc ?). La parole officielle est devenue systématiquement suspecte car il est beaucoup plus confortable de se voir comme une victime du pouvoir (occulte ou pas) plutôt que d’assumer ses propres errances et ses choix malheureux. Hyperassistés, nous avons perdu peu à peu les automatismes de notre autonomie, de notre liberté d’action et, plus généralement, le contrôle de notre vie. Nous dénonçons la dictature du gouvernement mais nous nous lamentons quand il supprime une subvention. Nous voulons à la fois être entièrement libres et totalement dépendants.

Que s’est-il passé, en ce début de XXIe siècle, pour qu’une défiance généralisée prenne le contrôle de notre réflexion et de nos décisions ? Les médecins jadis grandement respectés sont subitement devenus des assassins, complices des laboratoires pharmaceutiques, apprentis sorciers, assoiffés de dividendes. Les gouvernants, de purs dictateurs, sont les marionnettes du Grand Capital Mondialiste dont l’unique but, au-delà de s’enrichir, est de nous asservir, voire nous éliminer, via des moyens technologiques hypersophistiqués. Les médias, rebaptisés subtilement « merdias », à la solde des puissants, nous désinforment en continu et nous maintiennent endormis dans notre routinière attitude consumériste. Les Juifs, toujours eux, qui malgré le harcèlement deux fois millénaire dont ils sont victimes, continuent de tout contrôler (?). En face, les Musulmans, qui, lentement mais sûrement, sont, selon des sources bien informées, en train de nous submerger (?). Le radicalisme primaire le plus étroit s’invite dans toutes les sphères de la société, politique, religion, culture, sport, éducation, santé, justice… STOP !!! Les délires paranoïaques et autres névroses égocentriques ont trouvé là, les outils adaptés à leur monstrueuse contagion.

Charlatans, bonimenteurs, aventuriers médiatiques, politiciens polémistes, factieux extrémistes et autres opportunistes egocentrés, encombrent les serveurs et polluent les cerveaux et la planète de leurs incessants factums. Les périodes troubles et difficiles, les voient proliférer et les suiveurs égarés ou désemparés se multiplier. Ne nous leurrons pas car, au-delà de la manœuvre évidente de désinformation et de déstabilisation qui ne vise que la prise de pouvoir, il s’agit également de business lucratifs pour la plupart. Livres, vidéos, méthodes de coaching, d’épanouissement ou de bien-être, conseils juridiques ou fiscaux, produits dérivés et griffés… un écosystème alternatif s’est développé qui surfe sur le mécontentement et la misère ambiante, entretenus avec habileté. Il s’agit d’appliquer le vieux concept de la division, tout en flattant les esprits les plus poreux, pour tirer le maximum de profit de cette clientèle désabusée en demande.

La confusion générale des idées et le brouillage systématique des informations, fédère, autour des mêmes concepts moisis, des sensibilités d'ordinaires opposées mais partageant le même dégoût pour les pouvoirs en place, qu'ils soient financiers, politiques, scientifiques ou médiatiques. Il est désormais fréquent que Mélanchonistes et Lepenistes se retrouvent autour de valeurs communes de plus en plus nombreuses. La détestation des puissants est un terreau hautement fertile sur lequel prospèrent désormais les idées les plus viles et les théories les plus fumeuses.

Le virtuel anonyme est devenu un défouloir sans humanité, un cloaque nauséabond pour ceux dont la vie n'est plus une vie et qui cherchent ainsi à lui redonner un sens. Mais quel sens exactement ? Celui de la haine, de la fracture, de la revanche et du chaos ? Tout cela est dramatiquement con et nous renvoie à notre côté bestial (ce qui est en soi une insulte pour le règne animal).

La pandémie de 2020 et le confinement radical nous avait permis d'imaginer (naïvement) un monde nouveau. Nous pouvions entendre de nouveau le chant des oiseaux dans les villes et nous en émerveillions. Nous avions retrouvé un peu de solidarité et de fraternités dans l'épreuve. Tout semblait redevenu possible... Malheureusement, les apôtres de la peur et de la discorde ont rapidement balayé le rêve éveillé. Face aux hésitations et atermoiements d'un gouvernement qui tentait de s'adapter au mieux à une crise sanitaire totalement déstabilisante pour l'ensemble de la planète, il fut aisé de semer la confusion autour de la parole officielle et des solutions mises en place. Les réseaux ont, à leur niveau, parfaitement orchestré et amplifié la désinformation générale qui a suivi, au risque de se contredire totalement au fur et à mesure de l'évolution de la situation. Des clans opposés sont nés. Les "pro" et les "anti" s'affrontent toujours aujourd'hui, de façon aussi irrationnelle des deux côtés. Le dialogue est rompu. Ce qui pouvait être un choix personnel de santé, est rapidement devenu un choix politique contestataire, au risque de se mettre en danger. Des dizaines de personnes meurent encore chaque jour par pur dogmatisme. Nous avons perdu la raison en imaginant que tous les médecins étaient devenus des Dr Mengele. Malgré un recul de deux années d'études sur les vaccins distribués, sans effets secondaires recensés, hormis ceux des conspirationnistes notoires, un certain nombre persiste dans le refus de se protéger et protéger les autres. Ils espèrent égoïstement passer entre les gouttes et ils le pourront sûrement (qui sait ?) parce qu'autour d'eux, dans la cité, la grande majorité est vaccinée.

Le rêve d'une humanité mature et bienveillante se dissout lentement et ces avancées technologiques qui étaient destinées à nous rapprocher, nous ont au contraire éloignés, pire, divisés, isolés. La misère pécuniaire et intellectuelle a fracturé le jeu collectif de notre société. L’extrême-droite et l’extrême-gauche se rejoignent dans la même lutte des classes, passant outre, parfois, les valeurs qui les opposent radicalement. L’idéologie a fait place au combat commun contre la pauvreté et la mondialisation et ils s’abreuvent tous, des mêmes infos toxiques , aux mêmes sources, partageant le même engouement rageur à discréditer un pouvoir qu’ils jugent plus autoritaire qu’eux-mêmes, un comble. Nos boussoles sont donc bien totalement devenues folles.

Les imbéciles ont trouvé dans ces réseaux un espace de liberté qu’ils ont largement investi et pollués comme ils l’ont fait avec le reste de la planète. Le pouvoir inattendu de ces outils, est de faire croire à ceux qui en usent qu'ils sont subitement devenus importants et intelligents, du fait d’écrire, même approximativement, et de relayer des informations sulfureuses voire des complots improbables. Dévoiler une info secrète, avérée ou pas, appartenir aux initiés, vous place automatiquement au-dessus du commun. La connaissance de la "vraie vérité" se transforme souvent en une explication limpide et justifiante de ses propres échecs. Cette grisante sensation d'une reprise de contrôle de sa vie, est unique, elle est désormais devenue vitale et addictive. Appartenir au club des "sachants non-moutons", bien qu'il s'agisse ici d'une forme évidente de panurgisme, est vécu comme une véritable révélation valorisante. Il semble impossible d'encadrer le phénomène (au nom de qui et au nom de quoi ?), la liberté d'expression, même si elle est toxique, est un acquis "démocratique". Trop tard !

Geek, depuis les années quatre-vingt et les années Jobs, le déploiement d'internet tout d'abord dans les années 2000, et l'explosions des réseaux sociaux par la suite, m'ont comblé au-delà de mes rêves de gosse. Un univers incroyable, quasiment magique, s'est ouvert à nous. Les promesses qu'il induisait, les possibilités qu'il offre désormais sont infinies, comme l'univers justement. Pourquoi faut-il toujours que l'humain pourrisse les territoires où il met les pieds ? C'est complètement dingue mais avant tout totalement affligeant !

samedi 30 avril 2022

Paradoxe politique

Les candidats vaincus à cette élection présidentielle, avaient l’avantage de ne pas avoir à justifier un bilan très largement controversé. Avantage dont ils n’ont manifestement pas su tirer partie. Pour se consoler, il semble utile de rappeler aux mauvais perdants, que leur candidat malheureux, se résume, au bout du compte, à un simple catalogue de promesses ? Et les promesses en politique…

Une lapalissade de consolation : gagner c’est s’exposer, perdre c’est se préserver.

vendredi 29 avril 2022

L'attraction du pire

La présidentielle est actée et les législatives se tiennent en embuscade, la vengeance comme credo et la rage comme porte-étendard.

Époque absolument névrosée où tout, absolument tout, est remis systématiquement en cause, quels que soient le sujet et les enjeux : notre constitution, nos lois, nos valeurs et nos choix électoraux.

La schizophrénie contagieuse des réseaux sociaux, où nos pseudos de pleutres se répandent en insultes perpétuelles, contribue pleinement à déliter le vivre-ensemble et notre collectif démocratique. Les revanchards, les aigris et les factieux sont aux premières lignes de ces territoires numériques et vomissent avec méthode et ostentation leur colère et leur propagande haineuse. Un seul mot d'ordre : désinformer et déstabiliser.

Il ne s'agit pas de nier les problèmes sociétaux et les difficultés réelles, voire la souffrance, pour bon nombre de nos concitoyens qui se débattent dans un monde, dans une France, qui ne respecte que ceux qui n'ont pas besoin d'aide.

Ce dont il s'agit, c'est de ne pas hurler avec les loups bruns.

Ce dont il s'agit, c'est de porter un combat de classes et d'égalité et de se démarquer des postures fascisantes et ostracisantes.

Ce dont il s'agit, c'est de ne pas confondre voie démocratique et populisme flagorneur.

Si la colère est justifiée, elle s'avère trop souvent mauvaise conseillère, confinant le plaignant dans un rôle de perpétuel râleur et suiveur impénitent au lieu de s'inscrire dans une véritable lutte constructive et pourquoi pas physiquement investie. Toute la question est de savoir si nous sommes prêts à perdre le peu que nous avons et si le confort d'une jacquerie en pantoufles n'est pas une solution de facilité et le cruel aveu de notre absence de courage.

La Révolution est une belle idée romantique mais elle promet l'incertitude et le chaos.

Ce dont il s'agit finalement, c'est de savoir ce dont nous avons vraiment envie et ce dont nous sommes réellement capables.

lundi 18 avril 2022

L’abstention pro fachos

Zemmour a œuvré magistralement pour que tout le monde, y compris l’ensemble des médias, se pose la question stupide « Marine Le Pen est-elle d’extrême droite ? »

L’exécration d’Emmanuel Macron est arrivée à un tel niveau (lui davantage que sa politique d’ailleurs) que le questionnement pervers se diffuse tranquillement et profondément dans toutes les strates de la société. À tel point que nombre d’électeurs de la gauche modérée, insoumise ou radicale, sont prêts à s’abstenir au risque de faire entrer les fachos à l’Élysée.

J’imagine leur tête, le soir du 24 avril 2022, lorsque s’affichera sur leurs écrans le portrait de la gagnante : « trop tard… oh et puis après tout on verra bien, ça ne peut pas être pire… et puis elle ne peut rien faire sans majorité… s’il le faut, on descendra dans la rue… de toute façon, cinq ans de plus avec Macron, c’était pas tenable… »

Comment en est-on arrivé là ? Comment imaginer que l’alternance envisagée puisse se passer sans douleur, sans un séisme constitutionnel inévitable ? Qui peut prétendre arrêter la louve, une fois entrée dans la bergerie ?

Il est certes plus confortable de s’abstenir, de jouer les purs et durs, et laisser les autres « se compromettre » en glissant le bulletin Macron dans l’urne. Ces autres qui, en se pinçant le nez, éviteront peut-être le pire. Ce pire qui subitement, le temps d’une campagne, semble avoir, sinon changer de camps, du moins être réparti équitablement d’un côté comme de l’autre.

Macron, aussi facho que Le Pen ? La France, une dictature comme le diffusent depuis des mois les réseaux sociaux et autres médias alternatifs ? C’est une blague, une mascarade ! C’est une vision uchronique et polémique de la réalité !

Qu’a fait de pire le gouvernement actuel par rapport aux gouvernements précédents de Hollande, Sarkozy ou Chirac, à part être confronté à la déferlante haineuse des propos de ceux qui ont trouvé à travers les canaux internet les moyens facilités d’exprimer leur colère, leur rage et donner un peu de sens à leur triste vie et amoindrir sans doute un peu leur souffrance.

Non, Macron n’est pas pire que Sarko et sans doute, au milieu des différentes crises traversées, a-t-il été plus protecteur que ne l’auraient été ses prédécesseurs. Par exemple, les aides financières apportées aux entreprises, aux paysans, aux artisans, aux indépendants ou aux artistes sont-elles subitement devenues anecdotiques ?

D’accord, Macron est sans doute arrogant, financier avant d’être social, froid, calculateur, manipulateur… on pourrait ainsi dérouler une liste convenue… en fait rien qui ne le différencie de ses prédécesseurs que nous subissons depuis… toujours, oserais-je dire.

Seulement voilà, le peuple en a subitement assez de se faire tondre et il prend le risque de lendemains crépusculaires où la contestation deviendra un délit et où le mot dictature retrouvera ses lettres de noblesse et son véritable sens. Et ne parlons pas de la brouette de valeurs moisies et pétainistes qui mettraient la France au banc des nations.

Je ne pense pas que le risque d’un changement radical de régime, soit un bon calcul, malgré les propos doucereux et rassurants de la candidate et de ses lieutenants que les coléreux gobent avec gourmandise, même parmi le peuple de gauche.

À moins que, et cela n’est pas extravagant bien que fort risqué, ne soit envisagé et recherché le blocage des institutions et des libertés, de la vie politique et sociale, conduisant à l’amorce d’une insurrection citoyenne, prémices d’une guerre civile ou d’une révolution salutaire.

C’est vrai que de la contrainte naissent les opportunités et qu’il peut être plus simple de se révolter face à un régime extrémiste oppressant pour tous que face à un pouvoir simplement ultralibéral et prédateur pour certains.

Les électeurs de gauche rêvent-ils finalement d’un prochain Grand Soir ?

vendredi 3 septembre 2021

Le virilisme ou le bal des bourrins : Humeur

Ils sont forts, ils sont radicaux, ils sont bas du front et ils squattent les réseaux avec une facilité et une réussite insolente, drainant derrière eux des centaines de milliers d’abonnés adeptes de la contestation ultra-droitière et assoiffés de punchlines parfaitement calibrées.

Parmi ces polémistes provocateurs, dont certains s'affichent "humoristes", qu’ils soient royalistes, libertaires ou plus basiquement d’extrême-droite, Papacito, Raptor, Valek, Bruno le Salé, El Rayhan, Code Rheino ou encore Baptiste Marchais, pour ne citer que les plus influents, diffusent leur idéologie radicale sur un ton de comédie bon enfant, enrobant leurs propos moisis d’un parfum doucereux à l’instar de ces désodorisants pour toilettes bon marché qui, cherchant à masquer les pires odeurs, ne font qu’en accentuer la force. Ils se croient pertinents parce qu’ils alignent des insultes bien senties, façon rappeur énervé, ou analysent l'actualité à coups de schlagues verbales. Ils se trouvent importants parce que certains médias passé du côté obscur (pour ne pas dire complotistes ou facho-compatibles) tels que CNews, Sud Radio, Valeurs Actuelles ou encore France Soir leur ouvrent régulièrement leur micro.

Ne nous leurrons pas. Derrière la pensée brune distillée à coups de blagounettes dont la violence le dispute bien souvent à la vulgarité, c’est un écosystème qui est mis en place pour vendre, qui des livres, qui des conseils et des séances de coaching, qui des compléments alimentaires, qui des articles vestimentaires labellisés. Sans parler, bien sûr, des revenus Youtube engrangés grâce à la pub et au nombre de vues comptabilisées. On n’est pas là que pour déblatérer dans le poste. On est surtout là pour vendre des produits tout en diffusant lentement mais sûrement une pensée en adéquation avec la clientèle. Le créneau est juteux car l’époque est à l’ennui et au désespoir. L’humour trash anti système est tendance.

Les gros bras de l’internet, font l’apologie de la force et du muscle, de l’homme viril responsable et maître de sa destinée, du port d’arme et de la peine mort. Ils abhorrent, en vrac, la gauche, les élites, la féminisation (la faiblesse) de la société et du pouvoir politique, le féminisme et donc la parité homme-femme, le mariage pour tous, la PMA, l'écologie, la mondialisation, l’immigration de masse… Homophobes, misogynes et xénophobes, ils cumulent ce qui se fait de pire en termes de valeurs humanistes. De toute façon, l’humanisme, l’empathie et la bienveillance ne font pas partie de leur vocabulaire. Tout ce qui affaiblit la puissance du mâle ou la pureté de la nation française leur est insupportable. Bref, des caricatures.

Cette régression intellectuelle teintée de néandertalisme pourrait être divertissante si elle n’était pas simplement abjecte et purement mercantile. Le créneau de la contestation anti-système, bien qu’encombré depuis quelque temps par les Gilets Jaunes, les Black Blocks, les antivax, les anti masques, anti pass et autres anti-tout et conspirationnistes de tous poils, le créneau donc, reste profitable, il suffit d’y trouver sa place et sa spécificité.

Il est simplement navrant qu’après des siècles de lutte et d’avancées sociétales, de jeunes chroniqueurs opportunistes, dans le confort tiède de leurs salons bourgeois, conchient les valeurs du vivre ensemble et s’amusent à fracturer d’avantage, s’il en était besoin, une société désemparée. Il est vrai que le pouvoir prépare le terrain depuis des décennies et le dernier en place, même s’il a à gérer une crise sanitaire mondiale déstabilisante, semble avoir tout fait pour permettre l’émergence de ces nouveaux showmen démolisseurs, bouffons promoteurs d’un avenir de violence.

Que signifie vraiment ce vomi rétrograde et ce rejet des valeurs humaines fondamentales dont notre pays fut longtemps exemplaire ? Pourquoi cette haine distillée sans complexe et dégustée avec gourmandise trouve-t-elle autant d’écho et se répand-elle aussi facilement qu’un virus et plus particulièrement chez un public jeune ? L’époque est trouble, à n’en pas douter, et les prédicateurs toxiques sont légion. Chaque crise économique, sanitaire ou identitaire les a vus surgir de leur boîte tels de tristes diables avides de se repaître de la détresse et capitaliser sur les colères engendrées. Le pire se tient toujours embusqué derrière le désespoir.

L'humour de la haine, la casse du modèle démocratique, même s'il mérite d'être fortement critiqué voire remis en cause, le retour vers un obscurantisme des valeurs, le rejet de tout ce qui unit les hommes et leur permet de vivre en paix, le pilonnage de "l'Egalité" et de "la Fraternité" qui semblent devenus des gros mots, la frime du quéqué soulevant de la fonte, tapant dans un sac de frappe ou vidant le chargeur d’un fusil d'assaut, l'identification aux puissants chevaliers en armure boutant l’envahisseur (ils s’imaginent chevaliers mais n’auraient-ils pas été de simples gueux en ces temps fantasmés ?)… tout ces discours agressifs et clivants, cette iconographie caricaturale presque clownesque, révèle un niveau de réflexion de cours d’école. 

On peut n’y voir qu’un show d’humoriste d’extrême-droite. On peut sourire aux saillies et applaudir les performances car certains ont acquis une réelle maîtrise du divertissement radical et de son business. On peut aussi se questionner sur la nocivité du discours, que l’on retrouve sur l’ensemble des réseaux, et se poser la question, non pas de l’interdiction, qui ne ferait qu’alimenter leur argumentaire nazillard (avec un Z), mais plutôt de la contre-offensive sur un territoire virtuel qu’ils clament avoir conquis. Il s’agit bien de groupes factieux qui colonisent des espaces de liberté en diffusant une idéologie pour le moins nauséeuse qui en rappelle d’autres. Ce nouveau « talibanisme occidental » pronant un retour aux valeurs moisies ne doit pas être vu avec complaisance. Leur humour est un cheval de Troie qui pénètre les esprits perméables en profondeur. 

Personnellement, je ne supporte pas cette haine et ce dégoût banalisés, affichés et diffusés en permanence. 

Bon, c’est pas tout ça, il est l’heure de mon calmant !

vendredi 26 février 2021

Le Petit Polémiste de Ilan Duran Cohen : Bouquin



Roman d’anticipation (mais si peu), décrivant la société française de demain matin, où les dogmes bien-pensants font loi et où la notation sociale est vitale. Le polémiste télévisuel Alain Conlang, en fera les frais, après voir lâché une réflexion humoristique sexiste lors d’un dîner entre amis. Victime d’un bannissement public et privé et affublé d’un entourage totalement baroque, il devra affronter une justice kafkaïenne qui ne plaisante pas avec la pensée de traverse. Grinçant et très drôle.


Le petit polémiste

Ilan Duran Cohen

Acte Sud

lundi 4 janvier 2021

Le Flagadisme ou le droit au coup de mou

Qu'est-ce encore que cette nouvelle religion de la bonne humeur qui impose chaque début d'année ses codes, ses règles et ses rituels ?  

Pour échapper à l’invective et demeurer un humain fréquentable, il faudrait être exclusivement positif. Je ne parle pas d'optimisme mais de béatitude contrite, de joie surjouée et de posture benoîte.

Je revendique le droit au coup de mou et à la pause syndicale du Touvabienisme et ses cadences éreintantes. D’autant plus en ce début 2021 qui n’offre comme horizon visible qu’un vaccin qui représente, au mieux pour ceux qui le défendent, une diffusion au compte-gouttes en ce début d’année et, au pire pour ceux qui le rejettent, un poison technologique. En tout cas un objet politique incontrôlable.

Il ne représente que la suite logique de la fracture insurmontable qui scinde notre pays et la remise en question systématique de la parole politique (cela peut se comprendre) mais beaucoup plus dramatique, de la parole scientifique, nos chercheurs et nos médecins étant devenus subitement des assassins pour plus de la moitié de nos concitoyens…

C’est ici que je flagadise, devant la bêtise conspirationniste qui s’est diffusée et amplifiée ces derniers mois. Plus efficace qu’un vaccin dans une seringue, la rhétorique antivax via les réseaux sociaux. Au secours!

Coup de mou assumé, donc, face à cette politisation radicale et caricaturale de la santé et à cette impossibilité qu’ont les humains (les Français ?) à faire front raisonnable pour vaincre le fléau. Néanmoins optimiste (toujours) pour envisager une issue favorable même si elle doit s’inscrire dans le temps.

Bisous!!!

jeudi 31 décembre 2020

2020 est mort... 2021 serre déjà les fesses.

2020 s’éteindra dans la nuit après une longue et douloureuse agonie.


Bouleversante année pour l’humanité dans son entièreté qui a vu se fissurer ses économies et ses structures sociales, amplifiant toujours plus ses inégalités. La petitesse et l’invisibilité du responsable de ce chaos planétaire nous font ressentir douloureusement la parfaite insignifiance de nos existences. Quel sens désormais donner à nos vies égocentrées? Quelles valeurs attribuer à nos actes insensés et à notre voracité dévastatrice?


2020 a dressé face à nous un miroir qui ne renvoyait que le vide de nos consciences et notre incapacité collective à nous déjuger. La course vers le mur de nos certitudes demeure notre sport favori. Incapables de changer de logiciel et de nous unir face à un danger civilisationnel bien réel, qui a pourtant démontré une partie de sa puissance, nous nous terrons au fond de nos cavernes tout en aboyant pour nous donner l’illusion d’exister un peu. Ce qui aurait dû nous unir nous a divisé. La haine, le mensonge et l’insulte sont nos carburants délétères et dessinent magnifiquement les contours de plus en plus précis de notre médiocrité. Ne parlons même pas de l’abyssal crétin Trump, le président élu du pays le plus puissant du monde qui s’est dégonflé comme une vilaine baudruche, il en existe ailleurs et il y en aura toujours d’autres. L’homme recherche, semble-t-il, une simplification extrême à la complexité de son existence et la déniche, parfois chez un leader improbable et, le plus souvent, dans des idées avilissantes. Comme s’il était plus simple de haïr que d’aimer alors que c’est tout le contraire.


2020 nous a signifié les limites de notre faculté à vivre ensemble malgré notre grégarisme ancestral. Paradoxalement, il nous a démontré notre indécrottable besoin de promiscuité malgré les antagonismes qui nous animent. Tout cela demeure un mystère d’une banalité assommante.


Qu’en sera-t-il de 2021, qui s’en ira déjà en ambulance, gyrophare hurlant dans la nuit? Si l'espoir est un antidépresseur puissant, la dose à prescrire devra être au moins triplée durant les prochains mois. Tout va lentement s’arranger, malgré des dégâts irréversibles. Nous pouvons compter sur notre légendaire résilience, et notre faculté à ne pas tirer les leçons, pour repartir vaillamment sur les décombres encore fumants de nos vies abîmées.


2021 a la lourde responsabilité de faire oublier 2020… Bonjour la pression!

Culture biologique VS culture biodynamique

" La culture biologique est l'aboutissement de l'équilibre entre la production d'aliments de qualité la plus grande possible et le respect de l'environnement et donc de sa conservation et de son enrichissement. Elle nécessite des recherches scientifiques, des expérimentations longues, un développement auprès des agriculteurs qui exige d'eux une formation solide, des pratiques nouvelles et un rapport à leur environnement révolutionné. La culture biologique est un sommet de rationalité.

Il est donc impératif de ne pas faire l'amalgame entre le "bio" et la "biodynamie".

La biodynamie est un gouffre d'ésotérisme, un syncrétisme de pratiques magiques. C’est la primauté de l’obscurantisme, la négation de la connaissance des lois naturelles, de la science agronomique et biologique. Le comportement sectaire des intégristes de la biodynamie est comparable à d'autres sectarismes : complexification, divination des pratiques édictées par un gourou, infériorisation, domination des adeptes à qui on impose d’acheter des produits exclusifs ou des matériels ("dynamiseurs") incontournables qui génèrent une dépendance, une soumission qui se prolonge souvent par la confiscation de la commercialisation du produit fini obligé d’intégrer des filières labellisées.

La biodynamie est à la culture biologique ce que l'homéopathie (et tout ce qu'elle véhicule comme absurdités : mémoire de l’eau et dilution) est à la médecine "intelligente" (prise en charge de l'être vivant partie intégrante de son environnement) ou ce que le vaudou est à la philosophie libertaire, l'escroquerie en sus.

L'amalgame systématique fait dans bon nombre de médias élude le principal qui est que, si la culture biologique est une libération individuelle, la "biodynamie" est un enfermement pyramidal flanqué de ses gardiens du temple rompus à un lobbying capable de tromper (d’enivrer) une presse non avertie et une clientèle en recherche de nouvelles voies."

- Extrait du courrier des lecteurs du Monde du 28 janvier 2012 suite à l'article de Laure Gasparotto "Il est bio mon vignoble" paru dans le Monde Magazine du 20 janvier 2012. Auteur (clairvoyant) non cité.


L'arnaque marketing (pléonasme ?) patente du "Label" Biodynamie consiste donc à proposer des produits "magiques", protégés par les esprits des bois et dynamisés par les puissances cosmiques. Pourquoi tout ce folklore régressif autour de productions forts goûteuses et parfaitement bio par ailleurs, voire plus bio que bio dans certains cas ? Pourquoi cette surcouche d'irrationalité dans une démarche de production largement vertueuse, très proche de l'agriculture naturelle ? Sans doute l’amalgame entre la dérive productiviste, le sentiment douloureux d'épuiser toujours plus nos ressources, la peur face à un avenir sombre et incertain, la quête d'une harmonie intense avec la nature, la perte de repères spirituels, la croyance naïve en des forces magiques qui nous dépassent, font de la biodynamie une discipline lumineuse (sectaire) qui réenchante le monde…

Si la démarche de l’agriculteur qui adhère à ces pratiques occultes peut paraître éventuellement louable dans son éco-responsabilité, il n’en demeure pas moins que l’obscurantisme reprend racine dans nos campagnes. Le créneau bio, et plus particulièrement celui de la biodynamie, attire de plus en plus le producteur en recherche d’une nouvelle éthique à la fois respectueuse et lucrative face à un consommateur urbain CSP Plus qui voit de plus en plus dans ces produits un contrepoids/alibi à sa surconsommation ordinaire, sans se soucier plus que ça du sens véritable que cache ses pratiques issues des doctrines sectaires de l’Anthroposophie.

En complément, la permaculture, dans le créneau bio, me paraît représenter une approche totalement rationnelle et scientifique (bien qu'elle préconise l'utilisation d'un calendrier lunaire pour "jardiner avec la lune", les traditions ont la vie dure), en parfaite harmonie avec les lois de la nature. Ce principe de culture permanente, créé par le biologiste Bill Mollison dans les années 1970 en Australie, fait grand bruit actuellement. Encore en phase de recherche, il est à souhaiter que la permaculture trouve une place de plus en plus conséquente même si elle ne concerne aujourd'hui que des surfaces réduites et soit l'objet des critiques récurrentes que sont son manque de rigueur scientifique et l'utilisation d'espèces envahissantes.

Quoi qu’il en soit, la planète a réellement besoin, sinon de se régénérer du moins de souffler durablement, et nos palais de retrouver le vrai goût des aliments. Nul besoin d’invoquer la magie et de la légitimer pour y parvenir.

mardi 22 décembre 2020

L'ANTHROPOSOPHIE : Attention, secte discrète

Sous le couvert d'une approche bio et éco-responsable, cette doctrine sectaire se déploie discrètement et touche de nombreux domaines de notre quotidien. Quelques marques et labels parfaitement médiatisés font office de Cheval de Troie comme la banque La Nef, la parapharmacie Weleda ou encore la culture/viticulture biodynamique via le label Demeter. Le marketing efficace masque en fait un courant parfaitement occulte. Certaines personnalités publiques en sont même les ambassadeurs efficients comme l'essayiste agro-écologiste Pierre Rabhi, plus grave, l'éditrice et ancienne ministre de la Culture Françoise Nyssen ou encore, plus étonnant, feu le biologiste Albert Jacquard.

Je vous propose de détailler et d'éclairer un peu mieux cette doctrine épinglée enfin, depuis cette année 2020, par la MIVILUDES.

L'anthroposophie est un courant ésotérique créé par l'occultiste autrichien Rudolf Steiner au début du XXe siècle.

Ce courant se rattache d'une part à la théosophie (1) et d'autre part aux courants du rosicrucianisme moderne (2).

On y retrouve des éléments empruntés au bouddhisme, à l'hindouisme et au christianisme. De l'hindouisme et du bouddhisme, l'anthroposophie reprend sa conception du karma et de la réincarnation. Du christianisme, elle intègre l'idée du Christ (éthérique) en sauveur du monde. Ce galimatias bricolé totalement grotesque (point de vue personnel) donne lieu à des rituels pratiqués dans leurs écoles alternatives par les enfants qui leur sont confiés.

Elle présente, du point de vue scientifique, les caractéristiques d'une pseudoscience : rejet de la notion de réfutabilité (qui ne peut être testé scientifiquement et donc ne peut être contredite), de la science contemporaine et du matérialisme (vs Kant) qui en est le fondement épistémologique. Plus généralement, et d'autant plus aujourd'hui, c'est une réaction à la modernité avec tout ce qu'elle a de préjudiciable pour la planète, ce qui en soi est parfaitement louable, mais qui en fait justement une doctrine charlatane. L'anthroposophie et ses croyances pseudo-scientifiques persistent de nos jours au travers de plusieurs disciplines dérivées dans de nombreux domaines de la vie quotidienne : éducation (pédagogie Steiner-Waldorf), arts (eurythmie, peinture, théâtre, sculpture, musique, etc.), santé (médecine anthroposophique, pharmaceutique, cosmétique), accompagnement du handicap (mouvement Camphill), économie (banques), politique (tripartition sociale), agriculture (biodynamie et viticulture biodynamique), religieux (Communauté des chrétiens). Plusieurs entreprises et organismes sont liés au mouvement anthroposophe, comme l'entreprise pharmaceutique Weleda, l'organisme de certification agroalimentaire Demeter, et des établissements bancaires comme La Nef, GLS Bank, Triodos Bank, Freie Gemeinschaftsbank.

Une association de défense des familles victimes de sectes (l’UNADFI) s'est fait l'écho en 2011 du témoignage de Grégoire Perra (3), ancien élève et professeur d'écoles Steiner, puis sur le « processus d’endoctrinement » de celles-ci.

L'Anthroposophie est, depuis 2020, sous les radars de la MIVILUDES

Rudolf Steiner

Inspirateur du mouvement New Age, considéré aujourd'hui comme un gourou, il semblerait, que de son vivant, il n'ait jamais cherché à avoir une emprise mentale sur ses disciples. "L'Initiation" qu'il proposait se voulait émancipatrice. Au-delà de son patchwork mystique et illuminé, son approche eugéniste et raciste est beaucoup plus contestable. Si les anthroposophes furent persécutés par le régime nazi car jugés concurrentiels, la doctrine fascinait certains hauts dignitaires comme Rudolf Hess ou Himmler. La société de médecine anthroposophique Weleda a même activement collaboré avec le régime nazi dans les camps de concentration.

Écoles Steiner-Waldorf

À l’instar de Freinet ou Montessori, Steiner élabora une pédagogie alternative mais, contrairement à Maria Montessori qui dissocia sa méthode de son appartenance au mouvement théosophique, les écoles Steiner-Waldorf affirment qu'elles ne sont pas là pour éduquer les enfants mais bien pour sauver leur âme. L'histoire et les sciences sont revisitées et l'on enseigne aussi bien l'Atlantide que le fait que les animaux descendent de l'homme, étant des parties dégénérées de lui-même : les escargots sont des oreilles qui se baladent toutes seules, les mollusques sont issus des parties génitales, les éléphants des nez géants sur pattes, la terre un crâne humain qui flotte dans l'espace, etc. Du Grand Guignol absolu.

Tout cela est enseigné de bonne foi, sans endoctrinement dur et sans autre arrière-pensée que celle de diffuser la vérité et la pensée de Rudolf Steiner.

Beaucoup plus grave, la position anti vaccin de l'anthroposophie a fait de ces écoles, comme d'autres écoles hors contrat, des foyers de rougeole. Steiner affirmait que la maladie était le résultat d’un processus karmique (4). L’empêcher en utilisant des vaccins était susceptible de contrarier notre destinée.

Enfin des rites religieux occultes sont imposés aux enfants sans que les parents en soient nécessairement informés.

La fille de Pierre Rabhi, Sophie Rabhi en dirige une en Ardèche. Celle-ci fait suite à une école maternelle et primaire appelée « La ferme des enfants » à Montchamp (Ardèche), fermée après que l'ex-compagnon de Sophie Rabhi y a été jugé pour abus sexuel sur mineur en 2005. La nouvelle école a elle aussi fait l'objet de plusieurs plaintes auprès de la MIVILUDES.

Il faut également noter l'affaire Nyssen concernant l'école alternative Steiner "Domaine du Possible" crée en 2015 à Arles avec son mari et soupçonnée de dérive sectaire. Nommée ministre de la Culture elle a cru bon de prendre une distance stratégique.

Bref, c'est un monde parallèle au cœur de notre monde, pas nécessairement dangereux ni systématiquement malveillant mais complètement et profondément illuminé.

La Nef

Créée tout d'abord en 1978 sous forme associative, son but est de permettre le financement des écoles Steiner-Waldorf ainsi que le développement des filières agricoles biodynamiques. En 1984 la loi bancaire la contraint à changer de forme juridique et elle devient, en 1988, la Société Financière Anonyme Coopérative La Nef. À partir de 1992 un partenariat avec le Crédit Coopératif lui permet de disposer en partie des fonds déposés sur des comptes épargne. En 1997 ce partenariat permet de proposer des comptes chèques Nef hébergés par ce même Crédit Coopératif. Dès 2008 elle propose un projet de « banque éthique coopérative européenne » à différents partenaires espagnols et italiens et c'est en 2010 qu'elle devient un organisme de crédit spécialisé et indépendant après s'être détachée du Groupe Banque Populaire qui avait entre-temps acquis le Crédit Coopératif.


Ses pratiques, n'ont rien d’illégal. Les projets qu’elle finance sont regroupés dans des rapports annuels mis en ligne. Ce qui est moins transparent, c’est l’idéologie qui l’anime. La Nef a des liens étroits et directs avec la mouvance anthroposophique. Cette mouvance défend en outre un projet politique, qui prévoit entre autres l'inutilité des organisations syndicales, et la privatisation de l’ensemble des institutions publiques d’éducation. Faut-il s’étonner dès lors que la Nef finance des établissements privés hors contrat, dont l’une, dans les Alpes-Maritimes, fait débourser des frais de scolarité de 7500€ par élève ? Parmi ces établissements privés de nombreuses écoles Steiner.

Weleda

Voilà ce que l'on peut lire sur leur site :

« Weleda propose une approche novatrice de la santé. Prenant en compte les correspondances profondes entre l’homme et la nature, Weleda privilégie le soin de l’être humain dans sa globalité grâce à des médicaments issus des trois règnes de la nature (minéral, végétal, animal) qui stimulent les forces d’autoguérison et aident l’organisme à restaurer ses équilibres dans le respect de ses rythmes et processus physiologiques individuels. Cette démarche complémentaire de la médecine conventionnelle est issue de la médecine d’orientation anthroposophique. »

« Le bio et le naturel nous habitent, font partie de notre personnalité. Ils se manifestent dans nos actions quotidiennes depuis la culture en biodynamie des plantes dans nos jardins, la cueillette jusqu’à la fabrication des soins cosmétiques et médicaments homéopathiques »

Au-delà du problème lié à la non-efficience concernant l'homéopathie, il est également à noter que Weleda propose des médicaments anti cancer et notamment un médicament phytothérapique injectable le "Viscum Album fermenté", à base de gui d'hiver et gui d'été mélangés. Ce médicament est interdit à la vente en France depuis 2018 suite à différentes plaintes et décès de patientes atteintes d'un cancer du sein.

Sinon,Weleda a activement collaboré avec le régime nazi, qui lui passa d'importantes commandes pour des expériences et des séances de torture dans des camps de concentration, notamment à Dachau où exerçaient sous la supervision d'Himmler deux anthroposophes reconvertis en SS, Franz Lippert et Carl Grund.

Les produits Weleda sont distribués en pharmacies, parapharmacies et magasins bio/diététique, notamment par la chaîne de magasins Biocoop peu regardante sur le pédigrée de ses fournisseurs.

La BIODYNAMIE

La viticulture biodynamique repose sur un système de production proche de l'agriculture biologique, caractérisé par une approche ésotérique holistique et sensible du vivant (le domaine viticole est perçu comme un organisme), l'utilisation de substances dynamisées (préparations biodynamiques) à des doses homéopathiques et l'attention portée aux rythmes de la Lune et des planètes.

La viticulture biodynamique demeure considérée par la plupart des scientifiques, agronomes et épistémologues comme une simple mode mystique ou un argument de marketing.

Pour Steiner, le cosmos a la forme d’une vessie de cerf. Quand on place les préparations biodynamiques dans ces organes, on les met ainsi en relation avec l’ensemble des forces cosmiques. Il y a aussi les cornes de vache, qui sont des sortes d’antennes pour capter les forces cosmiques, et qu’on place dans les sols avec les préparations.

Folklore inoffensif et/ou arnaque marketing ?

On peut considérer le vin biodynamique, par rapport au vin nature ou bio, du même acabit que le poulet abattu selon le rite vaudou ou encore l'eau bénite en bouteille. La biodynamie, ce sont des produits qui ont été élaborés avec des pratiques magico-religieuses. On est libre d'y croire ou pas, l'essentiel pour le consommateur est d'acheter en toute connaissance de cause et c'est là que le bât blesse. Au lieu de se tourner uniquement vers les vins bio et nature, les amateurs de vin biodynamiques sont donc prêts à payer plus cher un label qui certifie simplement l'usage de pratiques obscurantistes. Étonnant !

La mainmise de l’anthroposophie sur ce type de culture, qui a certes eu pour conséquences de développer une agriculture plus saine pour l’environnement car naturelle sans intrants chimiques, repose sur toute une idéologique sectaire, voire grotesque, qui ne souffre d’aucune contradiction.

Cependant, si la culture biodynamique est une réaction à la modernité et aux outils ou produits contemporains, il est intéressant de noter que la plupart des agriculteurs et viticulteurs conservent malgré tout leurs smartphones, réseaux sociaux et autres sites marchands pour communiquer et écouler leur production. Marketing, quand tu nous tiens !!!

L’anthroposophie demeure une secte douce et rayonne de manière très large : tous les gens qui consomment de la biodynamie ou qui ont leur compte en banque à la banque coopérative La NEF ne sont pas endoctrinés et, pour eux, ce n’est bien sûr pas contraignant. Il me paraissait cependant important de leur faire savoir à qui ils donnent ou confient leur argent, pour ceux qui l'ignoraient.

Pour conclure, les produits Weleda sont dans toutes les pharmacies avec leurs « produits anthroposophiques ». On parle tous les jours de vins biodynamiques. La NEF est vue comme une banque éthique. L’anthroposophie propose un véritable projet de contre-société avec son éducation, sa banque, son programme économique, ses pratiques sexuelles (dont je n'ai pas parlé ici). C’est une civilisation alternative complète qui se répand lentement mais sûrement.

On pourrait presque dire : ATTENTION, SECTE ECO-SYMPATHIQUE !

Presque, pour ce qui concerne éventuellement les carottes et le jus de raisin fermenté mais dès lors que l'on parle de la santé, de l'éducation et des enfants, la sympathie se transforme aussitôt en colère.


(1) La théosophie est une attitude philosophique et religieuse, et une forme spécifique de recherche spirituelle, qui signifie étymologiquement « sagesse de Dieu ».

(2) Au début du XVIIe siècle paraissent en Allemagne les manifestes de la fraternité de la Rose-Croix. La Rose-Croix y est présentée comme un ordre secret qui aurait été fondé au XVe siècle par un personnage mythique, Christian Rosenkreutz. Relevant de l'hermétisme chrétien, du néoplatonisme et de paracelsisme, ils en appellent aux savants et aux gouvernants de l'Europe, proposant de leur révéler leur mystérieuse sagesse.

(3) Les blogs de Grégoire Perra :

https://veritesteiner.wordpress.com/tag/gregoire-perra/

https://gregoireperra.wordpress.com

(4) Karma est la loi infaillible qui adapte l'effet à la cause, sur les plans physique, mental et spirituel de l'être.

vendredi 11 décembre 2020

Film : Mank de David Fincher

 


Mank, film monumental, orchestré par David Fincher, est sorti directement sur Netflix le 4 décembre 2020.


On attendait son dernier film depuis six ans, après Gone Girl, formidable thriller sorti en 2014. Si l’on excepte les 2 saisons de la série Mindhunter en 2017 et 2019, c’est peu dire que l’attente rongeait tous ses fans, dont je suis. 


Dans les années 30, le scénariste Herman Mankiewicz, frère aîné du grand réalisateur Joseph Manckiewicz, est chargé, par le jeune Orson Wells, d’écrire le scénario du futur Citizen Kane. Ce film relate la période d’écriture, son processus de création, l’alcoolisme notoire de Mank, ses relations tumultueuses avec Wells et Louis Meyer des studios Metro Goldwin Meyer, ainsi que son étrange relation avec le magnat William Hearts dont est inspiré le personnage de Kane. Esprit totalement libre et bouffon alcoolique des cours et soirées Hollywoodiennes, Mank ne consentira à aucune compromission pour mener à terme un scénario novateur, mais à charge, qui lui vaudra finalement un Oscar.


Fincher est assurément un géant, un cinglé perfectionniste de l’image, un metteur en scène et un directeur d’acteur exceptionnel. Mank, à ce titre est époustouflant, offrant une expérience visuelle sublime et des acteurs au top. Garry Oldman en tête est incroyable de naturel et de sincérité, sûrement son plus grand rôle à ce jour. Charles Dance et Amanda Seyfried sont également particulièrement brillants dans ce long métrage d’un noir & blanc somptueux.


Si la technique est irréprochable, pour cet écrin entièrement voué au sujet et un réel plaisir pour les yeux, la narration, en revanche, souffre d’une lenteur de plus en plus prégnante à mesure que le film avance et le fait basculer dans un pur exercice de style technique, certes maîtrisé, mais dont l’enjeu dramatique devient de plus en plus anecdotique. Les 2 heures 10 que durent cette biographie fort peu passionnante, sont ponctuée de flashback pour présenter la trajectoire de Mank et décrire le Hollywood des années trente. Flasback à peine intéressants concernant Mank d’une part et fort peu instructifs pour ce qui est d’Hollywood d’autre part, car vu déjà des dizaines de fois dans d’autres films plus ludiques et démonstratifs.


Pour résumer : c’est très beau…mais très chiant !


Je ne suis pas vraiment rentré dans cette bio trop lente à mon goût, qui me fait dire que finalement, Fincher s’est regardé filmer. Le scénario fut écrit par son père Jack Fincher, au début des années 90, et l’on sent que le fiston ne voulait pas trop y toucher. Un hommage posthume qui aurait mérité plus de rythme. A voir de toute façon pour la virtuosité et la maîtrise dont il fait preuve indéniablement.


Sinon pour l’occasion, j’ai revu Citizen Kane, premier long métrage d’Orson Wells âgé de 25 ans. Du pur génie et un véritable régal !

jeudi 10 décembre 2020

Les Désélitistes

Bien sûr, traiter son interlocuteur de complotiste c’est, a priori, le dénigrer ouvertement et mettre fin à un débat en avouant éventuellement son manque d’arguments.

Mais dire que le complotisme n’existe pas, par le seul biais que l’action politique n’est faite que de complots, que tout est complot, et donc implicitement que rien ne l’est, me semble un peu court.


Non, la gouvernance ou le pouvoir ne sont pas que complot. Ils sont certainement manœuvres, intrigues et lobbying, parfois magouilles et corruption voire complots et crimes, effectivement… mais ils ne sont pas UNIQUEMENT complots.


Un complot, par définition, est effectivement un projet secret monté pour nuire à quelqu’un ou une institution. Les complots existent bien évidemment, depuis toujours. Là où se pose le problème de vocabulaire, c’est que justement certains en voient partout. Il ne me semble donc pas déraisonnable de nommer « complotiste » une personne qui voit des complots là où ils ne sont pas, complots, qui plus est, souvent irrationnels voire le fruit d’une paranoïa pathologique. Le lobbying reconnu des laboratoires pharmaceutique n’est certainement pas un complot mondial. Le fait que les puissances bancaires et financières, cherchent à s’enrichir toujours plus sur le dos des peuples, n’est pas un scoop… donc pas un complot.


Il ne suffit donc pas d’affirmer que le complotisme n’existe pas pour faire disparaître cette vision fantasmée du monde dont les réseaux sociaux sont les porte-voix assourdissants. Il ne s’agit pas non plus de consacrer la parole des médias mainstream.


Vouloir rayer du vocabulaire actuel le terme « complotiste », c’est refuser d’appréhender le réel problème que soulèvent ce type de pensées et la fracture sociale amorcée. Remettre en cause tous les pouvoirs, toutes les paroles émises par les pouvoirs quels qu’ils soient, politiques, juridiques, scientifiques et médiatiques, c’est mettre à la benne le vivre ensemble qui fonde notre société. Pire, imaginer que ces mêmes pouvoirs n’agissent que pour nous asservir totalement voire nous éradiquer purement et simplement, est totalement grotesque, voire cauchemardesque et je conseille à tous ceux qui tiennent ces propos, de quitter le confort anonyme de leurs écrans, de s’unir pour prendre les armes et sauver l’humanité.


Peut-être faut-il créer un nouveau terme pour désigner tous ceux qui contestent la parole des élites… pourquoi pas les « Délitistes » ou "Désélitistes" ?


Je ne vois là qu’une réémergence salutaire de la sacro-sainte lutte des classes, amorcée largement par le mouvement des « Gilets Jaunes » totalement submergé par la crise de la Covid 19 et l’action incontrôlable des Black Blocks.


Cependant, ce qui se dit dans HOLD-UP est au-delà de cette lutte des classes. Les intervenants, plus que suspects pour certains, appartiennent eux-mêmes à cette élite qu’ils dénoncent… dans quel but ? Pourquoi prêter plus de crédit au Professeur Christian Perrone qu’à n’importe quel autre infectiologue ayant un avis différent ? Pourquoi l’iconique Pr Didier Raoult n’apparaît pas à l’écran ? Il ne s’agit plus de la simple dénonciation de magouilles politiques et pharmaceutiques mais bien de la révélation (pétard mouillé) d’une conspiration mondiale à base de vaccin et de nanotechnologie orchestrée par Big Pharma et Bill Gates, entre autres. Waouh !!! Nous ne sommes désormais plus chez les « complotistes », terme effectivement largement galvaudé, mais chez les purs « conspirationnistes ».


Complotistes, conspirationnistes ou délitistes… encore des étiquettes que l’on colle, qui cloisonnent davantage chacun dans ses certitudes et qui pourrissent littéralement notre vivre ensemble.

vendredi 4 décembre 2020

Les Terres Obscures

À la lecture des nombreux commentaires sur des sujets vidéo relatifs à la crise sanitaire, ses traitements ou ses vaccins, on devine immédiatement que l'on vient de pénétrer sur les territoires obscurs de la croyance insensée, le pays de ceux qui souhaitent croire plutôt que comprendre.

Certains se disent rebelles à un système dans lequel ils ne croient plus, même si, soit dit en passant et entre autres, ce système les soigne gratuitement. Le deux poids, deux mesures ne semble gêner en rien tous ces rebelles bénéficiaires.

Chacun d'entre nous appartient en fait à un troupeau bêlant à l'unisson de ses convictions. Les moutons "rebelles" qui contestent le pouvoir, qu'il soit scientifique ou politique, face aux moutons "suiveurs" qui pensent que l'homme n'est pas systématiquement un loup pour l'homme.

Par exemple, l'expérience du Pr Raoult semble prévaloir dans le débat sur l'efficacité de l'hydroxychloroquine face au jeune Dr Peiffer-Smadja… l'expérience en âge seulement car, si je ne m'abuse, le Pr Raoult est microbiologiste alors que le Dr Pfeiffer-Smadja est infectiologue et auteur de différentes études publiées sur le sujet. Depuis quand l'âge prévaut-il sur le domaine de compétence ? Un pianiste de 60 ans saura-t-il mieux jouer du violon qu'un violoniste de 30 ans ? Ils sont pourtant musiciens tous les deux. Le Pr Raoult seul contre la grande majorité du monde médical est-il un argument suffisant pour accréditer ses affirmations ? Le monde médical serait donc globalement assujetti aux grands laboratoires pharmaceutiques ? Le complot planétaire serait donc bien réel ? (frémissement d'angoisse !).

Le "vouloir croire" absolument, additionnée à la contestation systémique, brouille la perception des informations. Ce sujet me semble bien trop important pour, d'une part, le confier aux seuls politiques (voire certains lobbyistes) et, d’autre part, ne pas vouloir analyser et valider les données délivrées sans preuves avérées par des scientifiques youtubeurs, en mal de notoriété, désireux peut-être avant tout de briller le temps d'une épidémie.

Il paraît judicieux en temps de crise de se méfier un minimum des charlatans et bonimenteurs qu'elles font naturellement émerger, surtout quand il s'agit de santé.

lundi 23 novembre 2020

La Zététique : une seule certitude, le doute.

J'ai découvert cette « discipline » il y a quelques jours, alors que je furetais sur le web à la recherche de blogs qui feraient une analyse sérieuse de cette bouse conspirationniste "HOLD-UP".

J'ai alors déniché la chaîne "La Tronche en Biais" (https://www.youtube.com/channel/UCq-8pBMM3I40QlrhM9ExXJQ), animée entre autres par Thomas Durand (docteur en biologie) et Vled Tapas (musicologue) qui en transmettent les fondamentaux et sur lesquels s'appuient toutes leurs analyses et déconstructions argumentatives. Une série de vidéos passionnantes et de débats contradictoires sont disponibles sur leur chaîne que je vous invite à déguster, les lascars ne manquant pas d'humour.

Qu'est-ce que cette drôle de bestiole venant de l'adjectif grec zētētikós « qui aime chercher » ?

Il s'agit de la science du doute qui consiste à "réfuter les arguments d'autorité et à écarter les hypothèses qui font appel à plus d'inconnues qu'elles n'en résolvent. Elle consiste à s'armer contre les mauvais jugements qui résultent des imperfections de notre entendement, notre cerveau étant malheureusement un outil de niveau moyen en ce qui concerne le sens critique".

La zététique est définie comme « l'art du doute » par Henri Broch (professeur de biophysique théorique à l'université de Nice Sophia-Antipolis), le terme d'art se comprenant au sens médiéval d’habileté, de métier ou de connaissance technique, en clair, de « savoir-faire » didactique qui, sans être une fin en soi, est un moyen pour la réflexion et l’enquête critiques.

La zététique est encore présentée comme « l'étude rationnelle des phénomènes présentés comme paranormaux, des pseudosciences et des thérapies étranges » ou comme « l'art de faire la différence entre ce qui relève de la science et ce qui relève de la croyance » et bien sûr des théories du complot.

La zététique se réclame aussi du scepticisme scientifique, et plus généralement de la démarche de doute cartésien qu'elle décrit comme nécessaire en science comme en philosophie. Elle se veut, pour reprendre le mot du biologiste Jean Rostand, une « hygiène préventive du jugement »

Bref vous l'aurez compris, la zététique invite à douter a priori de la validité de théories scientifiques, psychologiques ou sociologiques, et tout ce qui touche bien sûr au paranormal, qui nous séduisent intellectuellement, ou ont simplement été émises par des « experts » ou des « spécialistes en blouse blanche » mais qui n'ont aucune preuve avérée et communément admises. La zététique, par exemple ne doute pas que la terre est ronde, par contre elle met en doute l'existence d'une vie après la mort et entend déconstruire et mettre à jour les théories et croyances nombreuses qui l'attestent.

"La Tronche en Biais" ne pouvait bien sûr passer à côté de HOLD-UP, qui déchire la toile et c'est brillamment que Thomas Durand invite à ne pas tout gober systématiquement et dresse les pedigrees douteux de bon nombre d'intervenants dont certains, scientifiques, sont des illuminés notoires.

En voici le lien : https://youtu.be/b9FHAuO65aw

Il me semblait salutaire en cette période troublée de proposer une redescente collective.

Bisous !